Publier en français, une question d'engagement ? Littératies et identités d'universitaires francophones

D’après plusieurs indicateurs, les universitaires francophones, en France comme au Canada, sont de plus en plus en enclins, voire contraints, à utiliser  l'anglais dans leurs activités de production et de diffusion de la connaissance. Cependant, l’emploi du français se maintiendrait dans certains contextes de communication, notamment en raison d’ obligations légales ou de sentiments d’allégeance envers des communautés francophones. L’objet de cette conférence sera de mieux comprendre quels contextes interpersonnels et institutionnels semblent encourager les universitaires francophones à développer leur bilinguisme écrit (« bilittératie ») ou, au contraire, à privilégier un capital linguistique plutôt qu’un autre, dans le cadre de leurs fonctions ou de leurs études.

Quelques éléments de réponse à cette question seront proposés à partir d’une étude menée auprès de huit universitaires francophones, en milieux anglophones et francophones, à Montréal et à Paris, de 1999 à 2001. L’étude avait deux objectifs. Le premier consistait à sonder le degré d’engagement des participants et des participantes pour la bilittératie. Le second était d’expliquer cet engagement (ou non-engagement) en cherchant à situer les expériences et les perceptions des participants dans des contextes sociaux pertinents, grâce à l’examen croisé de données d’entretiens, d’analyses documentaires et d’observations participantes. Les concepts d’engagement et de bilittératie, ainsi que leurs rapports avec la construction de l’identité, seront précisés pendant l’exposé à partir des travaux de Bourdieu, Ricoeur et Homberger.

Les résultats de l’étude permettront de s’interroger sur le rôle de la planification linguistique et des différents agents sociaux concernés dans le maintien du français comme langue savante.