Langues, migration et citoyenneté : pratiques multilingues dans un site de soins de santé primaires en Catalogne
Conférence de Melissa Moyer
Université de Toronto - IEPO
Salle 11-200
252 rue Bloor Ouest
Toronto ON M5S 1V6
Canada
Les mouvements de population à travers les frontières nationales sont en voie de devenir l’un des défis principaux auxquels les États-nations se trouvent confrontés. En cette ère de mondialisation, la migration ne peut plus être comprise comme un déplacement à sens unique. L’interconnexion des sociétés d’aujourd’hui, provoquée par le développement de technologies de communication qui sont toujours plus accessibles, rend les liens avec le pays d’origine plus faciles pour les migrants. Les états se voient aujourd’hui obligés de gérer la diversité des langues, cultures et identités de manière démocratique. Ici j’explore les divers moyens par lesquels, au sein des États-nations, la citoyenneté est régie par le type d’accès accordé aux migrants aux ressources publiques telle que la santé. La langue devient un des éléments clé dans la négociation des droits des citoyens. Une étude d’une clinique de soins de santé, située dans la ville bilingue (catalan-espagnol) de Barcelone, montre les moyens par lesquels les migrants mettent à défi certaines idéologies nationalistes sur la langue et la citoyenneté. L’intérêt d’une étude d’un pays spécifique comme l’Espagne vient de sa position en tant qu’État-nation gérant des minorités ethno-linguistiques dans le contexte de l’Union Européenne. Voici un cas qui est traversé par les tensions autour de l’homogénéité interne mise à défi par le haut par des entités supra-nationales et par le bas par la mobilité des personnes à travers les frontières nationales. La recherche s’appuie sur une étude ethnographique de deux ans menée entre 2002 et 2003 dans une clinique de soins de santé primaires dans un quartier multiculturel de Barcelone. Les pratiques tant des fournisseurs de soins de santé que des immigrants provenant surtout de l’Asie du Sud-Est (Pakistan et Inde) et de l’Afrique du Nord (Maroc, Tunisie et Algérie) sont étudiées. Les résultats rendent compte des contradictions actuelles entre la pratique quotidienne du multilinguisme et les politiques sur la langue d’entités sociopolitiques étatiques et régionales.
À propos de l’intervenant/intervenante
Melissa G. Moyer est professeure agrégée au Département de philologie anglaise et allemande à l’Universitat Autònoma de Barcelona. Ses domaines de spécialisation incluent la sociolinguistique, la langue et la migration, les pratiques linguistiques au sein de les communautés bilingues ou multilingues et les corpus bilingues. Elle a publié abondamment sur la problématique des langues au Gibraltar et en Catalogne. Elle finit présentement, en collaboration avec Li Wei, un livre portant sur les méthodes de recherche sur le bilinguisme pour Blackwell.