(In)égalité d’accès aux diplômes du tertiaire en Europe :​ Entre émergence d’un référentiel commun et régimes d’inégalités​

Conférence de Gaële Goastellec

Conférence Gaële Goastellec
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Mode hybride

Université de Toronto - IEPO
MEK Lab, 12-105
252 Bloor Street West
Toronto ON M5S 1V6
Canada

Depuis la création des universités, des critères d’appartenance sociale sont utilisés pour organiser l’accès à l’enseignement supérieur et aux diplômes. Les gouvernants des universités caractérisent la diversité sociale en identifiant les étudiants exclus, tolérés et attendus (Clancy, Goastellec, 2007, Goastellec, 2011). A partir du milieu du 20ème siècle, au référentiel d’exclusion de certains groupes sociaux qui prévalait succède un référentiel d’inclusion sociale qui diffuse, et, avec lui, une demande de représentativité et donc de mesure de la diversité sociale dans les enseignements supérieurs (Goastellec, 2012). Pour autant, ce référentiel ne se traduit pas par une réduction linéaire des inégalités d’accès à l’enseignement supérieur et à ses diplômes. Comment les inégalités d’accès aux diplômes ont-elles évolué en Europe et comment expliquer les situations contrastées des différentes sociétés ? ​

Cette communication propose des éléments de réponse à ces questions à partir d’une analyse quantitative, fondée sur les données des cinq premières vagues de l’Enquête Sociale Européenne (2002-2010), soit un échantillon de 181 492 individus, résidents dans 30 pays « européens ». L’échantillon a été divisé en trois générations afin d’observer les « changements dans la sociogenèse des générations successives (qui) conservent la reproduction d’une structure sociale différenciée et hiérarchisée ». (Mauger, 2011).  ​

En Europe, au cours de la seconde moitié du XXème siècle, parallèlement au processus de massification de l’enseignement supérieur, les inégalités d’accès aux diplômes du tertiaire selon le sexe, la profession et le niveau d’éducation des parents ont décru, notamment au cours des premières décennies suivant la fin de la première guerre mondiale. En revanche, les inégalités ont eu tendance à stagner ou à augmenter à nouveau à la fin du 20ème siècle.  ​

Au-delà de cette tendance conjointe, le poids des appartenances sociales sur les trajectoires scolaires varie fortement selon les pays. La comparaison suggère que ces inégalités varient de façon concomitante à l’emprise du diplôme sur le destin social et économique des individus, confirmant les résultats obtenus Dubet, Duru-Bellat et Verétout (2010). Plus largement, elles s’inscrivent dans des régimes d’inégalités distincts influencés par les modalités de contractualisation de la relation entre Etat et Société, soit la façon dont différents modèles d’Etat (providence) s’articulent avec différents niveaux d’inégalités scolaires (Pechar et Andres, 2011, 2013, Esping-Andersen,1999) et leur légitimité sociale variable.​


À propos de l’intervenant/intervenante

G. Goastellec

Gaële Goastellec est sociologue, enseignante-chercheure à l’Université de Lausanne (Suisse). Ses principales recherches portent sur les systèmes d’enseignement supérieur, en particulier les enjeux relatifs à l’accès et aux appartenances sociales dans une perspective socio-historique comparative. Parmi ses derniers ouvrages : avec Teixeira P. & al. (Eds.) 2017, International Encyclopedia of Higher Education Systems and Institutions, Springer ; avec Kamanzi C. and Picard F., (Eds.) 2017, L’envers du décor, Massification de l’enseignement supérieur et justice sociale. Presses de l’Université du Québec ; avec G. Felouzis (Eds), 2014, Les inégalités scolaires en Suisse. Ecole, société et politiques éducatives. Peter Lang ; et avec F Picard (Eds), 2014, Higher Education and the fabric of societies. Different scales of analysis, SensePublishers.​

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