Insécurité linguistique : « On me dit que je parle bizarre parce que j'ai un accent »
« L'insécurité linguistique, c'est cette prise de conscience par celui qui parle, de la distance entre la manière dont il parle et la manière de parler qu'il estime la plus haute, qui peut être perçue comme pure et qui sera non déclassante », explique la professeure adjointe au département de Curriculum, Teaching and Learning à l'Université de Toronto et directrice du Centre de recherches en éducation franco-ontarienne (CREFO), Emmanuelle Le Pichon.
Diverses façons de parler français seront classées à différents niveaux, souligne-t-elle.
« C'est la question de qui parle bien et qui parle mal, ce qui nous mène à la question de la norme qui est véhiculée par un certain nombre de groupes sociaux : particulièrement l'État et l'institution scolaire », précise la professeure.
Discrimination de la langue parlée
« L'insécurité linguistique, c'est la peur de ne pas être compris, de ne pas bien formuler, d'être jugé, d'être exclu et d'être rejeté », explique Mme Le Pichon.
L'insécurité linguistique se manifeste de plusieurs façons : « un mutisme, un changement de langue, l'impression d'être idiot, se sentir bête, avoir l'impression de ne pas être légitime et le silence », note-t-elle.
Inclusion et diversité
« L'insécurité linguistique est très dangereuse », ajoute Emmanuelle Le Pichon, qui s'inquiète de l'exclusion de certains francophones.
« Ce sont les attitudes vis-à-vis de la langue et des personnes qui la parlent, peu importe la manière, qui devront changer pour lutter contre cette insécurité linguistique », estime-t-elle.
L'une des façons de combattre cette peur ou cette anxiété est la célébration de la diversité de la langue française au sein des écoles, par exemple.
« [On doit souligner] la valeur de la diversité en célébrant les accents, les patrimoines langagiers riches et divers », précise l'experte.
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